À travers le brouillard : comment l’anxiété déforme nos progrès

Avez-vous déjà eu l’impression que rien ne changeait — pour finalement réaliser que tant de choses avaient déjà bougé?

C’est exactement ce que fait l’anxiété. Ce n’est pas que le progrès n’existe pas. C’est que la lentille devient brouillée. Le système nerveux se remplit d’incertitude, et même de petites douleurs prennent une énorme place. Les changements réels deviennent invisibles lorsque le doute domine.

Je le vois souvent avec mes clients : la douleur diminue, la mobilité s’améliore, la fatigue se relâche — et pourtant l’esprit murmure : « Est-ce que c’est suffisant? Est-ce que ça va durer? Peut-être qu’il me faut quelque chose de plus fort. » L’anxiété fait paraître le progrès fragile, même lorsqu’il est réel.

Une cliente m’a dit : « Si seulement cette douleur disparaissait, je serais heureuse. » À la séance suivante, cette douleur avait disparu — mais son attention s’est immédiatement tournée vers une autre zone. Elle ne pouvait pas ancrer le gain, parce que son regard était conditionné à chercher le négatif. Une autre cliente s’est sentie mieux dès la première séance, mais lorsque de nouvelles zones se sont manifestées au fil de la réorganisation, elle doutait que je puisse « vraiment » l’aider.

C’est ce que j’appelle la perception distordue. Le corps progresse, mais l’esprit ne le voit pas car il mesure à travers l’anxiété.

L’anxiété réduit votre vision à la menace. Le doute rétrécit la reconnaissance — même les réussites paraissent « insuffisantes. » Le progrès devient conditionnel : « Je n’y croirai que lorsque tout sera parfait. »

Mais la vérité, c’est que le corps ne fonctionne pas dans la perfection. Il fonctionne dans le processus. Parfois le progrès est évident — moins de douleur, plus d’énergie, un sommeil plus profond. Parfois il agit plus discrètement, en déplaçant la tension d’un endroit à un autre pour permettre au système de se réinitialiser. Dans les deux cas, c’est du progrès.

Quand je travaille avec mes clients, mon rôle n’est pas de contredire leur doute. C’est de tenir la cohérence assez longtemps pour que leur corps et leur esprit rattrapent ce qui est réellement en train de changer. De leur refléter leurs propres chiffres, leurs propres mots, afin qu’ils voient ce que l’anxiété cache.

Et ce n’est pas seulement en thérapie. Regardez votre vie :

• Vous avancez dans votre travail, mais vous remarquez seulement la tâche inachevée.

• Vous êtes plus présent à la maison, mais vous vous jugez sur le seul moment d’impatience.

• Vous vous sentez plus léger, mais vous rejetez ça parce que la « grande percée » n’est pas encore arrivée.

Le progrès est souvent réel bien avant que vous lui fassiez confiance. L’invitation est simple : pouvez-vous reconnaître ce qui a déjà changé — sans attendre l’approbation de votre anxiété?

Le progrès n’est pas toujours ce que vous sentez dans l’instant. Parfois, il s’agit de faire confiance au courant profond qui vous porte déjà.

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